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L’estime de soi face au miroir : quels sont les liens entre estime de soi et image corporelle ?

L’estime de soi et l’image corporelle sont deux concepts intimement liés, à la croisement de la perception de soi et de l’influence sociale. Cet article vise à explorer les relations entre ces deux notions, leurs implications à l’adolescence et les approches modernes pour les appréhender.

L’estime de soi est un concept ancien, largement étudié dans la littérature scientifique.

Rogers (1951) la définit comme le « degré selon lequel un individu s’aime, se valorise et s’accepte lui-même », tandis que Tesser et Campbell (1983) parlent de la « perception consciente de ses propres qualités ».

L’image corporelle, bien que plus récente, est tout aussi cruciale. Elle se rapporte à la perception qu’une personne a de son propre corps, influencée par des facteurs internes et externes.

Ces deux concepts partagent des caractéristiques communes :

  • Ils sont subjectifs et évolutifs.
  • Ils participent à l’identité individuelle.
  • Ils sont influencés par l’environnement, notamment les déterminants relationnels et socio-culturels.

De nombreux auteurs, tels que Bruchon, Biddle, Fox et Harter, soulignent l’importance de la perception du corps dans la construction de l’estime de soi.

 Ce lien semble particulièrement significatif à l’adolescence, une période de développement identitaire marquée par des transformations physiques et psychoaffectives.

En effet, la puberté représente un moment de fragilité narcissique marqué par des transformations corporelles intenses qui bouleversent l’image de soi et accentuent la sensibilité aux jugements sociaux. Cette période de profondes transformations corporelles attire une attention accrue sur l’apparence physique (Bruchon, 1999). À cette étape, les comparaisons sociales se multiplient, intensifiant l’impact des normes sociales sur l’image de soi.

Selon Susan Harter (1999), l’apparence physique est le facteur le plus étroitement lié à l’estime de soi globale chez les adolescents. Parmi les cinq principaux domaines d’évaluation de soi identifiés par Harter, c’est celui qui influence le plus fortement leur perception d’eux-mêmes à cet âge.

On observe une différence entre les genres. Les adolescentes sont particulièrement vulnérables, subissant souvent une baisse plus marquée de leur estime de soi par rapport à leurs homologues masculins. Cependant, certaines études nuancent cette observation, ne trouvant pas toujours de différences significatives entre les sexes.

Des études montrent qu’une perception négative de son corps peut entraîner une faible estime de soi, favoriser des émotions négatives et, dans certains cas, conduire à des troubles comme la dépression (Seidah et al., 2004). À l’inverse, une attitude positive envers son apparence physique est associée à une estime de soi plus élevée, jouant un rôle protecteur face aux défis de cette période de vie.

Face aux difficultés liées à l’image corporelle, le concept de neutralité corporelle propose une perspective novatrice. Cette idée récente met l’accent sur une perception réaliste, flexible et bienveillante du corps, et se décline en trois axes principaux :

  1. Une vision réaliste et consciente : observer son corps sans jugement, dans une perspective de pleine conscience.
  2. L’appréciation de la fonctionnalité du corps : se concentrer sur ce que le corps permet de faire et le respecter pour cela.
  3. Une estime de soi déconnectée de l’apparence : valoriser ses qualités intrinsèques plutôt que physiques.

Cette approche pourrait jouer un rôle clé dans les programmes de prévention et d’intervention, notamment pour les adolescents et les personnes souffrant de troubles de l’alimentation.

L’adolescence est une période charnière où l’image corporelle, influencée par soi et par les autres, participe grandement à la construction de l’estime de soi. Les perceptions corporelles négatives peuvent fragiliser cette estime, tandis qu’une approche positive ou neutre du corps offre des opportunités d’amélioration durable.

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