Estime de soi,  Insatisfaction corporelle

Comment limiter l’impact négatif des réseaux sociaux sur son image corporelle ?

Cela fait un moment que je souhaite écrire un article sur les réseaux sociaux. Alors attention il ne s’agit pas là de les diaboliser mais je voulais revenir sur l’impact des réseaux sociaux sur son image corporelle. S’ils peuvent contribuer à votre bien-être et vous permettre une réelle ouverture sur le monde, une mauvaise utilisation peut au contraire avoir un impact négatif sur votre image corporelle et contribuer à développer ou renforcer une insatisfaction corporelle. Vous pouvez être acteur.rice de vos réseaux en choisissant les sources, ressources et images auxquelles vous allez être confrontées quotidiennement.

Réseaux sociaux et santé mentale : une utilisation raisonnée et raisonnable pour se protéger

De nombreuses études scientifiques montrent un impact négatif des réseaux sociaux sur la santé mentale.

Des chercheurs ont ainsi établi une corrélation entre l’utilisation des réseaux sociaux et la dépression. D’après une étude de l’université de Pittsburg, les personnes qui fréquentent les réseaux sociaux ont 2.7 fois plus de risques d’être atteints de dépression. Une autre étude a montré une augmentation du sentiment de solitude après l’utilisation de Facebook.

L’impact des réseaux sociaux sur leurs utilisateurs a fait l’objet de plusieurs études critiques ces dernières années. L’une, menée par la Royal Society for Public Health en 2017, a classé Instagram comme le pire réseau pour la santé mentale des jeunes au Royaume-Uni.

L’apparition des réseaux sociaux a développé la pratique du « selfie », qui est devenue un nouveau phénomène de société sur lequel des chercheurs se sont penchés. Si prendre des selfies devant un monument que l’on visite ou lors d’un événement particulier est une pratique courante, se prendre en photo tous les jours sans raison particulière peut témoigner d’un trouble narcissique obsessionnel. Une étude parue dans l’International Journal of Mental Health and Addiction a permis de reconnaitre l’abus de selfies comme un véritable trouble de santé mentale marqué comme « le désir obsessionnel et compulsif de prendre des photos de soi-même et de les publier dans les réseaux sociaux ». Un trouble qui peut masquer un manque d’estime de soi et combler un sentiment de vide et de solitude. 

On peut citer le cas extrême pathologique de cet adolescent anglais qui passait environ 10 heures par jour à faire jusqu’à 200 selfies, dont aucun ne le satisfaisait vraiment. Déscolarisé, il a tenté de mettre fin à ses jours. Heureusement, il a été pris en charge pour traiter son addiction aux selfies et sa dysmorphophobie (préoccupation excessive, obsessionnelle et insatisfaction envers un défaut imaginaire ou une partie de son apparence).

Réseaux sociaux et insatisfaction corporelle : un lien démontré

Deux chercheuses ont publié des conclusions sur une étude consacrée aux liens entre les médias sociaux, le contrôle du poids et l’image corporelle.

Elle stipule que : « en général, la fréquentation des médias sociaux a un effet négatif sur l’image corporelle des femmes. Chez les adolescentes, le fait d’y consacrer plus de deux heures par jour est associé à un risque plus élevé d’insatisfaction par rapport à son poids et à un désir plus grand de perdre du poids. Une fréquentation assidue des médias sociaux est associée à une plus grande préoccupation par rapport à la minceur. La propension à idéaliser la minceur et à se comparer aux autres exacerbe les effets négatifs des réseaux sociaux. L’exposition à des images de femmes très athlétiques est associée à des préoccupations plus élevées par rapport au poids tant chez les personnes qui affichent ces photos que chez celles qui les regardent. »

La chercheuse précise qu’il existe des réseaux sociaux animés par des personnes qualifiées qui peuvent aider les gens dans leur démarche pour changer leurs habitudes de vie. «Par contre, dans l’état actuel des choses, la grande majorité des réseaux sociaux risque d’exacerber les problèmes d’image corporelle des personnes vulnérables. Nous espérons maintenant trouver des façons d’aider les gens à départager les bonnes ressources de celles qu’il vaut mieux éviter.»

Instagram apparait comme le « pire » réseau social pour l’impact sur son image corporelle. Youtube et Twitter au contraire auraient moins de conséquences, probablement car il y a moins de photos.

Un article parle aussi de « dysmorphie Snapchat ». Des jeunes demanderaient des interventions de chirurgie esthétique pour ressembler à leur version retouchée par l’application (yeux agrandis, nez rétréci, peau lisse, dents blanches…).

Alors comment fréquenter les réseaux sociaux sans favoriser une insatisfaction corporelle ?

On sait que les réseaux sociaux utilisent de nombreux outils pour nous inciter à y passer le plus de temps possible. Comme par exemple le système de “like” ou de notifications qui fait office de « récompense » pour le cerveau et qui crée une forme particulière d’addiction. S’il parait difficile de se détacher de ce genre de stratégies, on peut toutefois limiter l’impact négatif des réseaux sociaux sur son image corporelle et son estime de soi par quelques stratégies.

Voici quelques pistes à explorer :

  • Essayez de ne garder que les comptes des personnes qui vous font du bien et qui génère une bonne énergie chez vous.  Regarder toute la journée des images d’instagrameurs à la mode qui publient des images qui ne correspondent pas à la réalité augmente très fortement des sentiments de comparaison et des jugements négatifs envers son physique. Et même si on sait pertinemment que ces images sont mises en scène, multipliées, retouchées, filtrées, en voir toute la journée risque sur du long terme de favoriser de l’insatisfaction corporelle. Technique toute simple : essayez de repérer les images qui déclenchent plus fortement votre « critique intérieur » et supprimez les comptes associés. Vous ne vous en porterez que mieux et vous dégagerez de l’énergie supplémentaire pour visiter d’autres comptes qui vous apportent, eux, des sentiments positifs.
  • Limitez l’usage des filtres déformants lorsque vous vous prenez en photo. A long terme, l’usage des filtres déforment complètement l’image que vous avez de vous-mêmes. A force de vous voir à travers ces filtres, on finit par ne plus supporter son vrai visage. S’il apparaît logique que l’on souhaite se montrer sous une bonne image lorsqu’on se prend en photo, gommer les rides, les cernes et toutes les imperfections semblent un peu excessifs. Apprenez à utiliser des filtres « légers ». Essayez également de limiter ou de diminuer votre pratique de selfies, vous ne vous en porterez que mieux.
  • Suivez des comptes prônant le “bodypositivisme” qui nous donnent à voir des images plus réalistes du corps et proposent un discours plus inclusif. Des initiatives d’autant plus intéressantes lorsqu’on sait “qu’une brève exposition à des messages positifs concernant le corps est associée à une amélioration de l’humeur et à une augmentation de la satisfaction par rapport à son propre corps chez les jeunes femmes“. En s’habituant à voir des corps et des morphologies plus diversifiés, vous allez élargir progressivement votre vision du corps et de la beauté et permettre un filtre protecteur contre les images corporelles malsaines médiatiques. Cela boostera votre confiance en vous et vous libérera de l’énergie pour vous concentrer sur votre vie et votre bien-être. N’hésitez pas également à suivre des comptes de professionnel.lle.s de santé qui diffusent des informations de santé fiables et réalistes afin d’encourager et promouvoir des comportements favorables pour la santé et une relation saine avec son corps et son alimentation.

On sait que les réseaux sociaux en diffusant massivement des photos de corps « idéalisés et retouchés » qui prônent la perfection et la minceur contribuent à favoriser l’insatisfaction corporelle et une préoccupation excessive envers son poids.

Le public adolescent qui est particulièrement actif sur les réseaux sociaux peut réellement être impacté par ses images, surtout à leur âge où leur rapport au corps évolue et où la comparaison sociale est particulièrement forte. Geneviève Pelletier, psychologue clinicienne, explique dans son livre  « Depuis toujours, le passage de l’enfance à l’âge adulte est une période identitaire importante. Je crois que l’époque dans laquelle on vit, avec les médias sociaux, vient fragiliser encore plus l’estime de soi des adolescents ».

Mais même chez les adultes, la confrontation journalière à des photos retouchées et parfaites peut renforcer le phénomène de comparaison, les critiques envers son corps et affecter son estime de soi.

Essayez de prendre un peu de distance avec ces photos, n’oubliez pas qu’elles ne reflètent pas la vérité et que nous avons tous des complexes, des « défauts » et des corps différents. N’oubliez pas non plus que ces influenceur.euse.s sont tous à la recherche de profit et que celui-ci dépend du nombre de « likes » et d’abonnés.

Vous pouvez être acteur.rice de vos réseaux en choisissant les sources, ressources et images auxquelles vous allez être confrontées quotidiennement.

Quelques comptes pour vous aider à développer une image corporelle positive et booster votre confiance en vous : @selfloveclubblog ; @accentsurcomplexe ; @bienavecmoncorps ; @groupeequilibre ; @noussommesfraiches; @m_your_body

Et quelques hashtags qui participent au mouvement « bodypositive » : #instacomplexes ; #InstagramVsReality ; #ChallengeSansRetoucheDove ; #sansfiltres

Pour conclure, je vous invite à jeter un coup d’œil à cette vidéo d’une instragrameuse qui revient sur les coulisses des photos d’Instagram.

Si vous souhaitez aller plus loin, retrouvez mes interventions d’éducation nutritionnelle adaptées aux différents publics et favorisant une relation saine avec son corps et son alimentation sur : https://www.parfaitement-imparfaite.fr/ateliers/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *